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V
De la langue à l'art avant l'écrit (suite)
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Un outillage suggestif Ainsi le masque, outre l'efficacité d'un langage symbolique
donné par le code esthétique et parlant de son décor (qui aide à toute
expression théâtrale ou à une cérémonie), peut posséder d'abord une utilité
très technique et opérationnelle dans un autre champ d'activité, où nous
venons d'expliquer en quoi il permet une acuité visuelle accrue, comme
le suggère l'exemplaire singulier de Brooklyn. On s'étonne donc moins
que le masque, en général, figure si souvent sur des personnages et dans
des scènes de l'iconographie préincaïque, notamment sur les tissus de
Paracas, où un intervenant majeur et hiératique le porte. Même en leitmotiv,
à savoir sur les capes enveloppant les momies. Car s'y répète et décline,
chaque fois reconnaissable, mais toujours avec originalité, un être idéal,
souverain, divinisé et anthropomorphe dont le masque, doté d'un ornement
de front, possède en dessous deux yeux aux couleurs clairement différenciées Sur le fragment textile (RPB 1013) du musée Rietberg L'utilisation verticale de cet outil semble confirmée
par la décoration expressive de ses extrémités : volatiles au haut, tournés
vers le ciel, reptile chthonien Les deux équipements, tenus cérémoniellement, comme emblèmes,
symboles et sceptre, sont d'ailleurs accompagnés d'une qualité et exubérance
de décor corrélatifs. Les graduations de la pige font se succéder près
d'une quarantaine de segments (ou graduations), bien lisibles par chaque
changement de la couleur de l'immédiat suivant Les éléments symboliques, caractéristiques de l'utilisation
des objets qu'ils affirment et expriment ainsi, s'inscrivent bien dans
une exacerbation de l'expression artistique, corrélative à une vision
d'artistes habitués aux hallucinogènes. Cette vision, comme Théophile
Gautier, expérience à l'appui, l'a souligné, irise de métaphores graphiquées
les silhouettes et extrémités des sujets figurés. Des agrégats, des excroissances
puisent alors leurs thèmes expressifs dans les images mêmes du langage Les yeux du puissant être susdit, sur le masque dont
il est doté, sont parfois réunis et circonscrits par un corps entier et
ondulant d'ophidien Cet intervenant, existant ou idéalisé, "paraît" ainsi que le ferait tout technocrate humain, présidant à la direction magistrale de travaux. Pourquoi pas des dessins sur le sol de la pampa, pour engendrer des géoglyphes ? … Même si le dit maître, figuré sur les tissus, n'y est pas que pour ces actes de tracés là, il en apparaît comme capable, ou/et donc porteur de leur pratique exaltée, symbolique, ou cérémonialisée rituellement. L'élément végétal que tient l'autre main du Grand architecte
est-il maquette ou/et symbole de la nature vivante que, dans le désert
aride de la pampa, sa population riveraine aurait eu avantage à voir se
développer, amplifier, comme objectif idéal et que la taille des géoglyphes
naturalistes peut symboliser ou suggérer à l'exégète. Mais actuellement
sans preuves ! Il y a d'autre part les éléments géométriques (trapèzes,
triangles, lignes, spirales) qui ne poussent ou vivent nulle part, et
pas plus dans le désert. Mais qu'ils soient là à l'image de gavettes,
feuillards, de fils d'or repliés sur eux-mêmes ou enroulés en spirale,
voire façonnés en motifs réalistes, il n'est pas contradictoire que leur
matériau, un métal, c'est-à-dire aussi un produit naturel, extrait, lavé,
puis travaillé, ait pu être souhaité accru dans sa présence à amplifier.
Si l'hypothèse était prouvée, il faudrait considérer les géoglyphes comme
les traces d'actes de magie reproductive, se succédant les uns après les
autres, les uns au dessus des autres, sans respect pour l'opération précédente,
dépassée, ayant perdu son utilité. La magie demeure aujourd'hui encore
une pratique des indiens nascas Par ailleurs la technique de la perspective agrandissante n'est pas, en elle-même, contradictoire avec de toutes autres hypothèses sur l'idéologie, la religiosité ou la motivation profane qui présidèrent à la création de mégafresques. Même il est toujours tentant et commode de supposer une motivation religieuse par nature peu rationnelle, à ce qui est inexpliqué ! L'animal porté en illustration, mais à la présence incomprise, donc être paraissant insolite dans le décor, par exemple des ustensiles, devient alors mythique ; et le moindre jouet avec lequel un savant du troisième millénaire ne pense pas à se distraire, passe vite pour un objet cultuel… Les géoglyphes naturalistes, au premier abord, n'offrent pas spécialement de caractères directement utilitaires pour la vie de tous les jours. Singe, canidé, lézard, araignée, plutôt inappropriés pour l'alimentation, oiseaux en haut vol difficiles à chasser, un poisson et deux cétacés (certes de bonne provende), plus quelques plantes étoffent un peu le monde vivant, mais ni le lama, l'alpaga, la vigogne, ni le coton, la patate, les fruits, la coca, le maïs, autrement plus utiles et sacralisés, ne figurent pour un album en mégafresques des espèces à multiplier et amplifier avec profit. Le cocasse du singe et du renard à l'étron pendant plaide plus pour des sujets profanes et anecdotiques figurés que relevant d'une iconographie religieuse, d'autant que les coprolithes contenus dans la bouche de certaines têtes humaines des sépultures nascas montrent que le symbole scatologique avait place dans les messages funèbres. De plus le tisserand simien qui file comme un humain, malgré ou grâce à la caricature, n'est sans doute pas sans rapport avec la technique filigranique et de filage qui se manifestent sur et par les géoglyphes, tant par le dessin que par la maquette d'origine. Etres aquatiques et aériens ne figurent là pas seulement par jeu décoratif aux sujets insignifiants et tous fortuits pour mégafresques, pas plus que ne le sont d'autres zoologiques ou botaniques sur la céramique nasca, sans pour autant y être nécessairement comme religieux. D'autre part c'est surtout les lignes et aires géométriques, sans valeur décorative, qui sont en nombre et taille multipliées jusqu'au grandiose sur la pampa. Les options d'un tel choix nous échappent. Certes l'exaltation ou la multiplication de l'or, sueur du soleil déifié pour les Incas, et merveilleux matériau par ses qualités, put être l'une des motivations, voire le facteur déclenchant ou primordial de telles mégafresques. Ce métal était par exemple symbole d'éternité parce qu'inaltérable, donc à utiliser souvent et sélectivement dans les rites, mortuaires notamment. Or le cérémoniel de l'événement corrélatif profane ou religieux (fête, jeux, spectacle, grand messes où les foules et fidèles furent partie prenante) n'est pas vraiment notre objectif de recherche, quoiqu'il soit difficile de l'éluder… et demeure tentant ! |
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