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LA MORT MONSTRUEUSE DE L'ÊTRE AIMÉ
(air non identifié)


1

Tircis, berger de ce hameau
Que maman me donna en mariage
Et mit déjà dedans le tombeau
Quoiqu' à la fleur de son âge ,
Quel malheur pour moi, quelle douleur.
L'on me ravit ce trésor précieux
Je perds hélas l'objet de tous mes vœux.

2

Depuis que je le connaissais
En lui je remarquais un cœur sincère
Il est bien vrai que je l'aime,
Mais il avait l'art de me plaire.
C'en est fait, oui oui je le suivrai.
C'en est donc fait je te perds cher amant.
A qui pourrais-je exprimer mon tourment ?

3

Quand je pense à ce doux moment,
Que nous étions tous les deux sur l'herbette,
Quand je songe à ces flatteurs accents
De sa ravissante musette,
Je frémis et je m'évanouis,
Je me livre au plus cruel désespoir
N'espérant plus à l'attendre ni le voir.

4

Vous, plaisir de nos vallons,
Doux rossignol, cessez votre ramage,
Et qu'en nos divers cantons
Ecoutez mon triste langage.
Mes moutons dépouillez vos toisons
Que tous les amants s'affligent avec moi.
De tous les bergers j'ai perdu le roi.

5

Toi plus dure que ce terrain,
Mort barbare et l'auteur de mon supplice,
Toi qui frappe le plus digne des humains,
Achève sur moi ta malice !
Ta fureur doit me percer le cœur.
Ah, si tu me fais plus longtemps souffrir,
Monstre, sans toi je saurai bien mourir.

NDLR :

Tircis, berger de Virgile dans la VIIème églogue, est, vivant ou décédé, si souvent le type bucolique de l'amant regretté des pastorales du XVIIIème siècle, notamment dans celles du présent manuscrit, qu'il ne semble pas nécessaire de répéter ici sa présentation, ni celle de la mort, voire du suicide dans la société de l'époque. On trouve une chanson analogue sur la mort du berger (Il est mort mon mignon berger) parmi Les chansons populaires dans le Bas-Berry, de Barbillat et Touraine, Châteauroux, 1930, t. III, p. 65. Elle est reproduite ci-après.

Le présent poème, en septains tous structurés, devrait aider à retrouver la mélodie porteuse.

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