Retour à l'accueil
19
SÉDUITE, ENCEINTE, ABANDONNÉE ET FLÉTRIE
(air non identifié)


1

Mon amant m'a abandonnée
Que je suis malheureuse.
Hélas pourquoi m'a-t-il délaissée
Quand j'étais amoureuse ?
J'ai beau gémir et soupirer,
Ma perte est douloureuse.

2

Je lui ai fait présent d'un chapeau
Bordé à point d'Espagne
Le cordon de canne le plus beau
Qui venait d'Allemagne
Et une bourse au goût nouveau.
Tout cela de mes épargnes.

3

Quand il a vu que j'avais pour lui
Un' amour si violente(1),
Par un beau jour il m'a surpris
Que j'étais chez ma tante.
Mon pucelage il m'a ravi
Mais sa beauté m'enchante.

4

Hélas maman que dira-t-on (mé)(2)
De moi dans le village ?
Pour une fois que j'ai été
Dessus le vert bocage,
Mon pucelage j'ai laissé
Hélas pour moi quelle disgrâce(3).

5

Me voilà enceinte à présent
Le fardeau me désole.
Adieu ma joie et agrément
Car ma beauté s'envole.
Beaucoup des filles en ont fait autant
De cela je me console.

6

Je lui reproche mais c'est en vain
Son action et sa conquête.
Etant donc dans le chagrin
Me répondit le traître :
"Belle j'ai cueilli votre raisin
Adieu panier vendange faite"(4).

7

Méfiez-vous de ce libertin
Jeunes filles à votre âge
Car ces jeunes hommes sont si malins.
N'ouvrez pas votre cage.
Et ne montrez jamais le(5) chemin
Aux oiseaux si volages.


Sixain bâti, semble-t-il, sur des vers de 9,7,9,7,9,7,9,7 syllabes et pouvant se chanter sur des timbres de chansons connues du XVIIIème siècle ayant cette structure.

(1) Au XVIIème siècle les poètes font le mot amour tantôt masculin, tantôt féminin (cf. Racine : Une amour nouvelle).
(2) , franco-provençal de "mais" au sens ancien de "encore" irait pour la métrique.
(3) Quel dommage rimerait idéalement dans l'un de ces sizains bien versifiés par alternance de rimes masculines puis féminines et vers stabilisés si l'on pouvait s'y tenir avec de nécessaires corrections dans plusieurs strophes.
(4) Pour l'expression voir la chanson 24, du même esprit, et son commentaire.
(5) Le ajoute une syllabe de trop, comme le en de la 5ème strophe.

(suivante)