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L'ÉROSION DE L'AMOUR(1)


1

Fuyons un triste engagement
Pour aimer avec agrément
On devient en ménage,
hé bien Par galant, et trop sage
Vous m'entendez bien.

2

Cet accident n'est pas nouveau
Tant va, dit-on, la cruche à l'eau
Qu'enfin elle se fêle, hé bien
Puis le dégout s'en mêle
Vous m'entendez bien.


(1) Dans le reprint Slatkine, Genève 1971, texte p. 94 et airs p. 141 du tome 1.

3

Tant qu'on est distrait et poli
C'est un commerce bien joli
Mais l'on rompt le partage, hé bien
Sitôt que l'on exige
Vous m'entendez bien.

4

Dans le printemps avec ardeur
Ou pour faire la brillante fleur
Mais quand elle est cueillie, hé bien
Tout le parterre ennuie
Vous m'entendez bien.

Un vieux vaudeville

L'air de Vous m'entendez bien est un vieux vaudeville pour textes divers, mais toujours critiques ou satiriques - par exemple sur les cocus, sur le curé parisien de Saint-Roch qui allait chez sa voisine pour lui prendre sa palatine, substantif métaphorique utilisant le nom d'une fourrure en forme de pèlerine, mise à la mode en 1676 par Anne de Gonzague, princesse Palatine, et terme qui signifiait au sens second le poil du c…. Le timbre de la chanson, noté par Ballard en 1717, a été utilisé, pour Le Savoyard par trahison et pour une chanson en patois savoyard sur la Visite de la musique de Bonneville à Samoëns en 1825, très caricaturale(1).

La présente chanson est donnée avec d'identiques paroles (quoique avec titre et présentation séquentielle différents) dans le Chansonnier françois (1760-1762), Recueil II, airs 62 et 63 que nous reproduisons ici.

A remarquer, au quatrième vers de la 1ère strophe l'utilisation de par avec le sens de l'ancien français, comme adverbe d'intensité, souvent encore associé à trop dans "par trop" qui renforce de même la qualification de l'adjectif à la suite. Néanmoins, le texte du Chansonnier François met l'adverbe "peu" qui correspond mieux à l'esprit de la chanson. Du fait que le Chansonnier françois écrit peu au lieu de par, le sens de galant varie en conséquence : il a le sens de "poli" dans le manuscrit Berssous et "d'empressé" dans l'autre recueil.

Air de Vous m'entendez bien :

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Chansonnier françois II, n°63 :

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Chansonnier françois II, n°62 (variante du 63) :

(1) Dans le reprint Slatkine, Genève 1971, texte p. 94 et airs p. 141 du tome 1.

Après le mariage, de W. Hogarth (1697-1764) : le peintre et graveur anglais, créateur de la caricature morale montre ici "les conséquences désastreuses de l'alliance d'une jeune fille riche, saine et belle, avec un noble ruiné et usé par les excès" (Dic. Enc. Quillet, 1954).

(suivante)