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1
Je me trouvais l'autre jour
Par hasard dans un bois sombre,
Je rêvais à mon amour.
En m'y reposant à l'ombre
Dans ce bois délicieux
Tout (me)(1) paraissait agréable.
Car tout disait à mes yeux
Je n'y voyais rien d'aimable.
2
J'aurais cru que Colinet
Lorsque me trouvant seulette
Dans le fond de ce bosquet
M'aurait parlé d'amourettes.
Je lui préparais de loin
Des raisons pour me défendre.
Mai je n'en ai pas besoin
Car il n'osait rien entreprendre.
3
Au soupir il se borna.
N'était-ce pas bien d'attendre.
Quelque fleur il me donna
Me regardant d'un air tendre.
Je fis exprès un faux pas
En marchant sur la verdure.
Mais le sot ne comprit pas
Toute la fin de cette aventure.
(1) complément, peu utile, ajoute une syllabe
supplémentaire à la métrique. Erratum ?
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4
Quand on veut nous en conter
Nous avons droit de l'attendre.
La gloire est de résister,
Mais le plaisir de se rendre.
Avec un amant glacé
La résistance est facile.
Mais qu'il m'eut embarrassée
S'il se fut montré plus habile.
5
Hélas puissant dieu d'amour
Prends donc pitié de ma peine.
Tu vois les maux en ce jour
Que j'endure dans cette plaine.
Je suis lasse de languir,
Il est(2) juste qu'à mon âge
Je sois au point de mourir.
Ne serait-ce pas bien dommage.
(2) Est-il serait préférable
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Il doit pourtant voir à ses yeux qu'elle ne demande
pas mieux
Jolie chanson, bien structurée et versifiée qui en évoque
une très semblable, en huitains à peine plus satiriques, parue en 1757(1)
sous le titre : D'une jeune bergère qui se plaint à sa compagne de
l'imbécillité de son berger, sur l'air Du Flageolet. Et qui
a pour refrain :
Il doit pourtant voir à mes yeux
Que je ne demande pas mieux
Faute de quelque partition associée, proposons pour porter
le texte l'air de "L'autre jour le biau Colas"(2), d'une ronde
qui fut chantée dans un bal paré devant Louis XV, à la suite d'un divertissement
intitulé le May Flamand : le prénom caractérise un autre nigaud
traditionnel . Seule une correction sur deux notes finales est nécessaire
pour rattraper le dernier vers en 9 syllabes des huitains de la présente
chanson, et si est indispensable d'y affirmer le e de la rime féminine.


"Je n'ai plus de feu, Ma chandelle est morte..."
(1) Recueil des plus belles chansons et
airs de cour, à Troyes, chez Garnier, BHVP rés. 907131.
(2) Tiré de Les propos de société ; chansons de M. L. XXXX, t.
I, J.-M. Moreau jeune, 1776. La chanson figure déjà dans L'école des
amours grivois de Charles Simon Favart pour le Théâtre de la Foire
et dans le reprint par Slatkine (tome IV), p. 35. Le même 7ème vers de
la première strophe, comme ici, débute par Car tout… Hasard ?
(3) B. Beaucamp-Markoski, Boites en porcelaine des manufactures européennes
au XVIIIème siècle,p. 162; Ed. de l'amateur, 1985
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(suivante)
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