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1
Engagez vous Sylvie,
Suivez votre humeur douce.
Tout le temps de ma vie
Je n'aimerai que vous.
Languir c'est trop de peine :
Tu risques ton bonheur !
Engagez vous Sylvie
Donnez moi votre cœur.
2
Quand on aime une brune
De quoi s'embarrasser ?
Il la faudra connaître
Avant que de l'aimer.
Si elle fait trop la fière
Il la faudra laisser,
Et puis briser ses chaînes
Et jamais plus l'aimer.
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3
Faut-il qu'un cœur se damne
Sans avoir combattu ?
Faut-il qu'il s'abandonne
A un homme inconnu ?
Vous me direz peut-être,
Petit joli berger,
Il fait bon de connaître
Avant que de l'aimer.
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Sylvie n'a pas volé son nom
En huitains alternant vers de 7 et 6 syllabes cette chanson
peut être par exemple portée par le timbre de La belle meunière
qu'a récoltée Servettaz(1). C'est celui de la chanson n°90 du recueil
Berssous, concernant une autre ou la même Sylvie, dans un semblable dialogue,
typique de la pastorale dont la bergère est plus ou moins réticente ou
consentante aux avances et propos d'un séducteur. La structure rimée du
présent texte (FM FM FM FM) comme la métrique, voire un peu le thème,
peuvent être aussi idéalement portés par le timbre de De mon verger
volage, comme il apparaît sur le montage air-paroles donné en annexe.
Sylvie est une fille de la sylve, selve ou sive,
substantif issu du latin sylva signifiant bois, parc, bosquet.
Elle est le type de la bergère qui y mène, en vaine pâture, les bêtes
domestiques ; et dans maintes chansons populaires(2) en faisant leur héroïne,
Sylvie a tendance à rabrouer celui qui, d'une classe plus élevée que la
sienne, tente de l'enjôler par de belles paroles.
Chanson 58 portée sur un timbre de Gilles Durand,
vers 1650 :
Clé du caveau n° 134 :
(1) Claude Servettaz, Chants et chansons
de la Savoie, Paris-Annecy, 1910, Leroux et Abry éd., chanson n°42.
(2) G. Charrière, J.-M. Jacquier, etc. Chansons savoyardes recueillies
par E. Vuarnet, Maisonneuve et Larose, Paris 1997, p. 548 et suivantes
: Le monsieur et la bergère.
(suivante)
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