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NANON REFUSE DE PERDRE SON PUCELAGE
(air non identifié)


1

Un jour me promenant sur la verdure
J'ai rencontré Nanon par aventure
En lui disant
" Nanon, charmante belle,
Attendez un moment votre fidèle ".

2

Au lieu de s'arrêter, marchant plus vite
Et moi de pas à pas à sa poursuite
Et moi de pas à pas à suivre(1) sa route
En lui disant " Nanon, arrête, écoute ".

3

Nanon s'est arrêtée au pied d'un chêne
" Que faites-vous Monsieur, dans cette plaine ?
Vous m'avez fait courir avec grand peine.
Ma foi je n'en peux plus, je perds haleine.

4

" Nanon si tu voulais dans ce bocage
Abandonner ici ton pucelage,
Personne ne nous voit, il n'y a point d'offense.
Je te prie donc Nanon, faites silence ".

5

" O berger mon ami, n'as-tu point honte
De ravir mon honneur dans ce(tte) rencontre.
J'aimerai mieux cent fois mourir, perdre la vie,
Que jamais consentir à cette folie ".

6

Qui a fait la chanson, dragon de France
Revenant de Piémont pour aller à(2) Valence.
Il a fait cette chanson buvant chopine
Buvant à la santé de sa glandine(3)

 

Sur l'air de Bonjour Sylvie, adaptation des paroles(3) de la chanson :

Cliquez pour écouter

(Peut se chanter sur timbre d'une chanson de dialogue telle que la Bergère infidèle donnée par Servettaz (op. Cité n° 17), ou La bergère et le courtisan, relevé par Tiersot (op. cité, p. 371))

(1) suivant serait plus approprié que à suivre pour respecter la première ligne métrique.
(2) aller à introduit une syllabe excédentaire dans la métrique du vers et peut être remplacé par gagner.
(3) De cette pastorale à la bergère sage, on retiendra que le dragon de France, revenant de Piémont pour aller à Valence, utilise, pour qualifier la trop belle mais chaste Nanon, un hapax, la glandine, qui préfigure la glandeuse apparue dans le vocabulaire seulement au milieu du XXème siècle. Glandine est structurée comme "grondin" par rapport à "gronder". "Le verbe "glander" s'emploie familièrement au sens 'd'attendre en vain " (1941), "perdre son temps" probablement à partir du gland de la verge" (A. Rey, Dict. Hist de la langue française, op. cité, t.I, p. 892), dans un état d'érection improductif, inutile, inepte, comme un imbécile qui en est pour ses frais, tel le militaire rabroué d'une vraie excitation, par celle qui n'est pas glandeuse, mais le fauit glander! Encore qu'assise sous un chêne (strophe 3), Nanon a peut-être rapport éventuel avec les fruits que l'arbre porte et qu'elle peut recueillir.
(3) La structure métrique est F10 F10 F10 F10. Si toutes les rimes ont un e muet, alors on peut proposer par exemple pour timbre celui de l'air : Point n'ai d'attrait, etc. Néanmoins, plus vraisemblablement, le e caduc étant prononcé, un bon timbre à utiliser serait celui d'une pastourelle typique comme le suggère le texte même de la chanson, du genre de dialogues existant avec La bergère et le monsieur, ou Bonjour Sylvie. De cette dernière chanson la variante donnée par Rossat pour Saint-Ursanne (Suisse) offre un ambitus étroit, un égrènement régulier de notes portant 11 syllabes, idéaux pour clairement traduire propos et explications.

(suivante)