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L'ENGAGEMENT DISCUTÉ |
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1 Bonsoir Nanon mon cœur 2 Que me dis-tu cher amant ? 3 Crois-tu Nanon, dis moi, |
4 Pourras-tu soutenir 5 J'ai appris tout cela 6 Le soir étant couché |
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Car : "plus de morts, moins d'ennemis. Conséquence
: donner la mort et l'éviter"
Maurice de Saxe (car fils de l'électeur de Saxe, Frédéric-Auguste, futur roi de Pologne, et de Marie-Aurore de Koenigsmarck), après avoir successivement servi le prince Eugène et Pierre-le-Grand, vient à Paris en 1720. Nommé maréchal de camp, il achète un régiment. Ses qualités de stratège de la guerre de mouvement le font nommer lieutenant-général en 1734. De nouveaux succès l'amènent au grade de maréchal de France en 1744. Il est le grand condottiere de la guerre de Succession d'Autriche, avec la victoire de Fontenoy, la prise de Tournai, de Bruxelles, de Maestricht. Il meurt en 1750. C'est donc entre 1744 et cette date qu'ont été composées les paroles de la présente chanson. Au milieu du XVIIIème siècle on en chantait une en l'honneur du Maréchal de Saxe dont musique et texte, sans rapport avec la notre, Le grand Maurice, le montrent sous son vrai jour, grand soldat et grand séducteur sans retenue. Nanon avait du tourment à se faire en songeant à la manière dont les soldats français, selon Voltaire, traitaient alors leurs adversaires :
Et si le texte de notre chanson n'est pas aussi critique et acide, il n'en convient pas moins que "soit en campagne, soit en route", quand les soldats sont contents, le gousset plein : "qui paie cela, ce sont les paysans".
C'est la même chanson de soldat que Servettaz a trouvé plusieurs fois en Savoie(3). La mélodie, qui est aussi donnée par la Clé du Caveau (n°43), est caractéristique par sa structure : rimes Masculines et Féminines s'enchaînant selon la formule MFMMFFMM, répétition presque identique des deux premiers vers par les deux suivants à la finale près, enchaînement similaire de vers plus ou moins longs. Mais le nombre de syllabes de chacun varie selon les versions. L'incipit compte ainsi 7 syllabes dans Chantons pour passer le temps, mais 8 dans Chantons pour bien passer le temps (variante Servettaz), et seulement 6 dans L'agneau qu'on m'a donné ou dans la présente chanson Bonsoir Nanon mon cœur. De semblables fluctuations d'autres vers de même rang dans les strophes existent à l'intérieur de la chanson du recueil Berssous. Mais une version polyphonique à deux voix, comme celle du Quercy, égrenant pour chacune des partitions individuelles un nombre de notes différentes, on voit que l'esprit de la ligne mélodique peut être respecté avec le même nombre fluctuant de syllabes qu'elles pourraient porter. Raison pour laquelle nous avons inséré, entre lesdites partitions, la première strophe du manuscrit Berssous, de manière libre, laissant à un interprète sensible l'ajustement de la correspondance entre texte et musique. Démarche voisine pour la version monodique de Servettaz. Néanmoins nos adaptations, demeurant très perfectibles, nous laissent par cela même, très perplexes sur ces l'évolutionhistorique du timbre. Problème aussi en suspens : le manuscrit Berssous se situe-t-il à l'origine des variantes militaires de la chanson ? Laquelle sera même contestataire dans la Royale avec Le bidon… Partitions de l'Agnèl et de Chantons pour bien passer le temps avec report des paroles du recueil Berssous : L'agnèl : Chantons pour bien passer le temps : Structures (syllabiques et en rimes) de 1/ Chantons pour bien passer le temps M8, F11, M8, M11, F8, F8, M6, M11 2/ Bonsoir Nanonmon coeur M6, F11, M6, M11, F8, F8, M6, M11 3/ L'agnèl M6, M11, M6, M9, F9, F9, M6, M9 Pour les deuxpremières les 5ème et 6ème vers de certaines strophes ont en outre même assonnance. (1) F. Hulot, Le Maréchal de Saxe,
Pygmalion éd., Paris, 1989, p. 185. |
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