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LE SOUPIRANT RÉCOMPENSÉ ou Les malheurs d'une fille |
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1 Ah pourquoi vouloir 2 Pleurez mes yeux 3 Tous les témoins |
4 Que faut il donc, 5 Après ma mort 6 Prenez mon cœur |
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A la Renaissance déjà Les six strophes du manuscrit Berssous et les six de l'ouvrage de Tiersot sur la chanson populaire des Alpes françaises n'en ont que quatre en commun. C'est dire que l'on double à huit au total la longueur de la partie textuelle de la chanson par cette complémentarité. Le très exhaustif commentaire de Tiersot (p. 290 de son ouvrage) mérite d'être cité en entier. "A la lecture de ce morceau, tout le monde se demandera ce qu'une telle poésie de cour vient faire dans ce recueil. Il est incontestable que son style diffère considérablement de celui de la poésie populaire, et qu'il atteste une toute différente origine. Mais il n'est pas moins vrai que la chanson jouit dans les campagnes françaises d'une popularité dont il serait difficile de dire les causes. M. de Puymaigre l'a recueillie en Lorraine (II, 187), et, dans les Alpes, j'en ai trouvé trois versions, deux à Bessans (Maurienne), une à Névache (Briançonnais) : le texte s'en est conservé partout d'une façon très exacte, avec très peu de variantes entre les versions. Elle nous fournit une observation plus intéressante encore : seule de son espèce on la trouve à la fois dans la tradition populaire et dans l'œuvre d'un des plus grand maîtres de l'art musical de la Renaissance. Voici en effet sur quel texte se chante la première chanson à quatre voix des Meslanges d'Orlande de Lassus, imprimée à Paris dès 1555 :
Il est certain que c'est là le premier couplet (les livres de chansons polyphoniques n'en donnent jamais davantage) de la chanson devenue populaire, et, je le répète, le cas, jusqu'ici, est unique. En tout cas il est intéressant de constater que les vers d'une chanson qu'on chantait à Paris au milieu du XVIème siècle se retrouvent encore aujourd'hui dans la mémoire des paysans des vallées les plus reculées des Alpes. La mélodie populaire diffère assez notablement du thème traité par Roland de Lassus : cependant la tonalité, la mesure et la forme générale sont presque semblables, et il se pourrait bien que l'une et l'autre dérivassent d'un type commun. Voir là-dessus l'étude plus détaillée que j'ai publiée dans le Ménestrel du 12 janvier 1896". Dans les versions de Bessans s'ajoutent en finale quatre vers qui, selon Tiersot, sont aussi les variants d'une chanson dauphinoise et savoyarde très populaire, notamment en Chablais, mais aussi sur un air différent :
Cette référence au contexte montagneux, n'est pas associée en même complément à la version du chansonnier Berssous. Curieux et en tout cas indicatif pour qui voudrait traquer les origines, migrations de cette chanson et mutations de ce patrimoine apparenté. Car Servettaz est lui aussi intrigué que cette toute autre chanson (d'ailleurs titrée Derrière chez nous il y a-t-une montagne) ait tendance, "par suite d'un amalgame assez curieux", à prêter ses strophes à une non moins populaire chanson de Savoie "Chère Eugénie tu dors bien à ton aise". Et Tiersot trouve encore que tel couplet ou timbre du Mal d'amour s'amalgame ou interfère de plus avec elle. Les deux ethnomusicologues relèvent chacun quelque ressemblance rythmique, voire mélodique, assez normale dans la mesure où des quatrains enchaînent vers de 11 et 10 syllabes, comme si, en conséquence, les timbres pouvaient, devenus interchangeables en demeurant dans l'esprit de la musique et des textes de l'époque, quasi servir de vaudevilles ou être groupés en pot-pourris. Servettaz donne d'ailleurs sur l'air de Comment vouloir… sa chanson n°37 du Jardin d'amour qui brode, à peine différemment, sur le même thème. Quitte à compliquer, mais afin de mieux étoffer la problématique nous reproduisons, après la partie musicale à variante textuelle (et commentée) de Tiersot, les deux différentes partitions collectées par Servettaz(1) à Habère-Lullin et à Abondance : leur dernière strophe peut même devenir la neuvième à ajouter au tout. Ces paroles, en 1908, étaient déjà tirées d'un vieux manuscrit communiqué à Cl. Servettaz par M. J. Simond. Dans le texte qui comporte un dialogue, selon la place où est introduite la strophe de réponse de l'amante implorée, l'esprit de la conclusion change un peu le titre à donner à la chanson, que Servettaz, lui, intitule par exemple Les malheurs d'une fille, Tiersot se contentant par contre de l'incipit. DOCUMENTS Comment vouloir qu'une personne chante, extrait musical tiré de Anthologie de la chanson française, La tradition, Cd n°1, 16, production EPM : cliquez ici pour écouter. Extrait de Chansons populaires recueillies dans les alpes françaises par J. Tiersot, Librairies dauphinoise et savoyarde,Grenoble et Moûtiers, 1903, chapitre IV,Les chansons d'amour, p. 289-290. COMMENT VOULOIR QU'UNE PERSONNE CHANTE ?
(1) Cl. Servettaz, Chansons rustiques
savoyardes, extrait de R.S. 1908, p. 230. |
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